Bien réunir ses colonies

La réunion de colonies, rappelle le maître-apiculteur Werner Gekeler, aide à renforcer les peuples avant l’hivernage et à prévenir le remplacement des reines. Elle peut aussi aider à renforcer les capacités de butinage.

Choix d’une reine : Ce sont souvent de jeunes peuples (donc avec une jeune reine) que l’on réunit. Une des deux reines sera alors éliminée par les abeilles elles-mêmes, en général la plus vieille ou celle qui convient le moins à son peuple. Cependant, le choix des abeilles ne sera pas forcément celui de l’apiculteur : la reine restante peut être celle qui dégage le plus de phéromones et non pas celle qui est issue d’une lignée douce et productive.

Recherche de la reine : On peut choisir de rechercher et d’éloigner une des deux reines et, dans la foulée, procéder à la réunion. Mais pour ne pas travailler sous pression, on pourra aussi rechercher la reine un ou deux jours à l’avance et la conserver enfermée dans une petite cagette entre les rayons jusqu’au jour de la réunion. Si on ne trouve pas la reine, on peut séparer la colonie en deux avec une grille horizontale, (voire en plusieurs parties avec des grilles verticales). La partie dans laquelle on trouvera ensuite des œufs frais pondus sera celle qui contient la reine.

La colonie avec reine en dessus de la colonie orpheline : La colonie contenant la reine (ou celle dont on souhaiterait conserver la reine, pour les débutants qui n’ont pas pu orpheliner l’autre colonie) sera positionnée le plus loin du trou de vol, donc par-dessus l’autre colonie, elle-même recouverte d’une feuille de papier (voir plus loin). La reine en reste ainsi plus longtemps protégée dans l’odeur de son propre peuple. Pour l’autre colonie, celle qui est la plus proche du trou de vol, le mélange des odeurs se fera plus vite et sa reine sera plus rapidement en possible danger

Préparer la future ruche : Si la force du peuple le permet, on placera les colonies dans un corps de ruche, comme si on installait un peuple sur deux corps. Le peuple orpheliné recevra des rayons de couvain plus anciens et des cadres de pollen tandis qu’on mettra des rayons de couvain plus clairs et des cadres de réserves de nourriture (miel) dans le corps de ruche contenant le peuple qui a conservé sa reine.

Ne pas réunir trop vite : Sur la ruche du peuple orpheliné, on installe un papier, éventuellement humide, percé de trous. Ces trous doivent être suffisamment petits pour qu’une abeille ne puisse pas y passer. Ils doivent seulement permettre aux deux colonies de prendre un premier contact par les antennes et les mandibules, d’échanger odeurs et phéromones, de laisser ainsi arriver doucement les odeurs et les phéromones du peuple qui dispose d’une reine (weiselrichtig) et de les laisser se répandre en quelques heures dans le corps du bas. Les abeilles vont alors agrandir les trous et la réunion des deux colonies se fera en douceur, surtout si les abeilles ne sont pas dérangées. On installera donc les deux colonies à réunir de préférence en début d’une soirée calme.

Quelques tuyaux supplémentaires : La réunion sera d’autant plus facile et n’entraînera aucune excitation dans le rucher si l’un des deux peuples provient d’un emplacement éloigné situé hors de la zone de butinage, ou s’il s’agit de deux colonies dont les ruches étaient déjà placées côte à côte au rucher. Mieux vaut de même éviter de faire plusieurs réunions en même temps. Si, surtout à la fin de l’été, on est pressé et qu’on n’a pas le temps d’orpheliner tout de suite une des deux colonies, on peut mettre les deux colonies l’une sur l’autre en ajoutant au papier une grille à reine mais il faudra alors éloigner une des deux reines le plus vite possible afin que les abeilles puissent s’installer rapidement au mieux pour l’hivernage.

Quelques erreurs à éviter : Dans un autre article de la même livraison, consacré à répondre aux questions des apiculteurs dont les réunions ne se sont pas faites correctement, Werner Gekeler signale quelques erreurs à éviter : faire la réunion juste après un traitement (ici il s’agit d’acide formique) qui a laissé des traces dans tous les rayons et toutes les parties de la ruche et puissamment énervé les abeilles (mieux vaut attendre quelques jours que les effets se tassent) ; mettre un papier de séparation trop épais et avec trop peu de trous, qui peut engendrer une certaine panique ; enfin tous les cas inattendus et particuliers que peut toujours rencontrer un apiculteur comme l’existence d’un remplacement de reine en cours dans une des deux colonies concernées.

Simonpierre DELORME ()

 

Cet article a été publié pour la première fois dans la rubrique “Revue de presse” d’Abeilles & fleurs N° 669 de février 2006. Il résume deux articles de Werner Gekeler publiés dans le numéro d’octobre 2005 de Imkerfreund/ADIZ/ Die Biene, le mensuel apicole du Deutscher Landwirtschaftsverlag