"Pour les abeilles" (2000)

Un peu d’art dans ce monde de brutes

Résumé : A Amsterdam on peut trouver six ruches suspendues à une quinzaine de mètres de hauteur dans un gigantesque empilement de quatre tables de bois et de béton, lequel empilement symbolise l’histoire et l’architecture de la ville d’Amsterdam. C’est l’œuvre de Frank Mandersloot qu’il a peaufinée durant dix ans et qui orne depuis quelques années un quartier de la ville. Certes, il y a eu quelques protestations des riverains mais l’apiculteur (stylite, forcément stylite) se dit satisfait.

Frank Mandersloot est un artiste hollandais, professeur à la Rietveld Academie de Gand et d’Amsterdam, qui s’est beaucoup intéressé aux abeilles dans la ville.

La dernière livraison de son œuvre “apiconcernée” s’appelait “Pour les abeilles.” Inaugurée la première semaine de septembre 2008, elle consiste à suspendre six ruches sous la troisième table d’un empilement de quatre énormes tables (hauteur du tas : 16m !) sur le pavé d’un quartier d’Amsterdam (Zeeburg) avec des masques pour alerter le piéton (rouge et gris, les masques), des pavés tout autour (pour faire buter les distraits dedans), des briques rouges et des dalles de béton grises (rappel de l’harmonie des couleurs de la ville : brique et béton) et des plateaux d’avertissement faits de gros galets pour les non voyants (altruisme obligatoire).

Vue du quai du métro

Les pieds de table, bois pour les deux premières tables et béton pour les deux autres, avec un poids d’environ 30.000 kg par table, rappellent la ville d’Amsterdam, construite à l’origine sur pilotis. Les abeilles symbolisent la manifestation de l’intérêt des habitants pour la végétation dans la ville. Frank Mandersloot avait déjà exposé diverses versions nommées “Tables d’abeilles”, “Tables et abeilles”, “Folie pour les abeilles.” Précisons tout de même que les ruches ne sont absolument pas décoratives. Il s’agit bien de 6 ruches peuplées de 6 colonies que conduit un vrai apiculteur, lequel a précisé que la végétation alentour nourrissait parfaitement ses colonies. Le quartier est pourtant très passant, entre sortie de tunnel pour autos et gare de métro … mais nous savons que les abeilles s’adaptent.

La première livraison de cette œuvre avait été construite en 1999 et exposée en 2000. Cela faisait donc neuf ans (neuf ans !) que F. M. empilait ses tables, avec l’aide d’un bureau d’études, réalisation des diverses étapes du projet par un bureau d’engineering, validation par un bureau de sécurité indépendant et approbation finale par la municipalité. On aimerait bien une idée des budgets mis en œuvre.

Frank Mandersloot

Le commentaire de la presse locale raconte qu’il y a eu tout de même des piétons suffisamment distraits ou maladroits pour arriver à buter dans les pieds de table et se blesser, si bien que toute une polémique s’en est ensuivie ! Tant mieux ! Ils auront ainsi bien conscience de l’existence d’abeilles urbaines et de ruchers urbains stylites.

Simonpierre DELORME   ()

 

Sources :

  • Le site www.buitenbeeldinbeeld.nl offre un article richement illustré sur les “Tables d’abeilles” de Frank Mandersloot. Cliquer ici. Mais il offre aussi tout un panorama des sculptures en plein air des principaux quartiers d’Amsterdam et également d’autres sculpteurs très contemporains. Cliquez ici.

Un premier petit écho concernant les “Bijentafels” de Frank Mandersloot à Amsterdam avait été publié dans la revue de presse d’Abeilles & fleurs N° 700 de décembre 2008

Compléments :

  • Frank Mandersloot vient de mettre sur YouTube une vidéo de l’inauguration dans la “Vishall,” le vieux marché couvert aux poissons de Haarlem, d’une “Fountain” d’eaux minérales, avec jet d’eau pompon et égouttoir ancien en métal. C’était en 2010. C’est beaucoup moins monumental, c’est beaucoup plus rigolo, c’est plutôt plus écologique et cela devrait, en notre époque de crise, obérer un peu moins les budgets des municipalités. Prenez en de la graine pour votre prochaine garden-party !